Le présent document fait le point sur la séquence sismique qui a débuté le 30 décembre 2012 à la limite entre les départements des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques.
L'intensité macrosismique maximale de la secousse principale a probablement atteint le degré V (valeur provisoire : des données sont en cours d'analyse) sur l'échelle européenne EMS-98. Très bien ressentie localement, elle n'a pas occasionné de dégâts notables.
Si vous souhaitez témoigner sur ce séisme ou l'une des ses répliques : www.franceseisme.fr
Une carte du mouvement du sol est visible sur le site du projet SISPyr : www.sispyr.eu/shakemap/1356910603/intensity.html
Vous pouvez suivre la séquence au jour le jour grâce à la station sismologique de Lourdes (PYLO) : Accueil >Le signal >Les signaux des stations large-bande
Suites à attendre : aucune hypothèse ne peut être exclue, mais le scénario le plus probable (suggéré par le déroulement observé) reste celui d'une extinction progressive de la séquence, avec peut-être encore quelques répliques ressenties.
L'équipe de sismologie de l'IRAP-OMP s'est rendue sur place le premier janvier pour installer trois stations sismologiques temporaires au plus près des répliques, ceci afin d'assurer un suivi le plus fin possible de leur répartition. L'analyse de cette séquence, dans les semaines à venir, permettra d'améliorer notre connaissance des structures tectoniques actives locales, et donc du risque sismique dans cette partie des Pyrénées.
Le choc principal de cette séquence a eu lieu le 30 décembre 2012 à 23h35 GMT, soit le 31 décembre à 0h35, heure locale. Il s'est produit à une dizaine de kilomètres de profondeur, non loin de l'extrémité occidentale de la crête calcaire qui relie le pic de Pibeste au Soum de Granquet. Sa magnitude a été estimée à 4.7 sur l'échelle de Richter (ML-OMP), 4.0 en magnitude de moment (Mw - calcul de B. Delouis).
Le séisme du 30/12/2012 peut être resitué dans le contexte de sismicité locale (carte de droite). Sur cette carte, noter la segmentation de la sismicité des Pyrénées centrales en groupes distincts les uns des autres. La séquence sismique d'Aucun est confinée au groupe délimité à l'ouest et à l'est par les vallées de l'Ouzom et du Gave de Pau.
Le choc principal a été très bien enregistré par l'ensemble des stations sismologiques des Pyrénées (courte-période, large-bande et accéléromètres).
Ces enregistrements sont ceux de la composante verticale du sismomètre large-bande situé dans une galerie au pied du château de Lourdes. Ils ont subi un filtrage dit « passe-bande », de façon à en retirer les bruits parasites, dus à l'activité humaine ainsi qu'à la houle sur l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Ce filtrage permet un comptage efficace de toutes les répliques de la séquence (à une quinzaine de kilomètres).
Le choc principal a été précédé par une douzaine de petits séismes précurseurs (le 30/12/2012, entre 19h et 23h). Il a été suivi par plus de 250 répliques (au 10/01, série en cours) vues par une au moins des stations de surveillance permanentes, et sans doute une myriade de secousses trop petites pour être enregistrées. La dernière réplique formellement identifiée grâce aux stations permanentes remonte au 10 janvier à 5h16 GMT.
Parmi les 250 répliques inventoriées, un peu plus de 100 ont été enregistrées par trois stations ou plus, et ont donc pu faire l'objet d'une localisation préliminaire (voir cartes ci-dessous). La figure ci-après représente le nombre de ces répliques en fonction du temps écoulé depuis le choc principal. Elle montre à la fois l'extinction progressive de la séquence, selon la loi dite d'Omori, et l'apparition de quelques "cascades" : accélérations très provisoires du rythme de la séquence apparemment déclenchées par une réplique particulière. La cascade du 31/12 à 5h54 GMT correspond par exemple à la migration géographique de la sismicité détaillée plus bas.
D'après les premiers résultats de localisation (encore préliminaires), les répliques initiales se sont réparties autour du choc principal, selon un essaim compact de petites dimensions à une profondeur d'une douzaine de kilomètres. A partir du 31/12 vers 6h GMT, elles se sont déplacées de quelques kilomètres vers le nord-ouest, et se sont rapprochées de la surface (profondeurs comprises entre 2 et 8 km).
Le mécanisme au foyer du choc principal (ballon noir et blanc sur la figure, selon une représentation conventionnelle) a été calculé par B. Delouis (Géosciences Azur, Nice). Il révèle un fonctionnement en extension (compatible avec tous les mécanismes calculés dans la région), selon un plan de faille d'orientation NW-SE.